Souvenez vous, c'était en 1985. Une chanteuse populaire de l'époque raconte à des enfants crédules l'histoire d'un lapin qui aurait tué un chasseur. Selon la chanson, ce lapin aurait pris les armes pour régler son compte au chasseur venu lui faire la peau. Une histoire? Pas si sur. Notre reporter a réussi à mettre la patte sur le lapin de la chanson. Disparu en 1986, c'est au Costa Rica que Blanchou (le nom a été changé pour protéger son anonymat) se cache depuis la plainte de la veuve du chasseur retrouvé mort un matin de novembre.

C'est dans un terrier modeste dans la plaine que Blanchou nous accueille. Il a l'air fatigué. Cela fait maintenant trente années qu'il a quitté la France. Sur la table, des photos de sa gloire, un cendrier avec des mégots de cigarettes et des bouts de carotte écrasées. Un intérieur modeste et simple, comme Blanchou.

Reporter : Merci de nous accueillir chez vous. Tout d'abord, êtes-vous le lapin de Chantal Goya?

Blanchou : Bonjour. Oui, c'est moi. Je suis le lapin qui a accompagné Chantal pendant quatre ans sur scène et aussi dans la vie privée. C'était les plus belles années de ma vie.

R : Dans la vie privée aussi?

B : Oui, on a été un peu amant, des petits coups rapides entre deux portes. C'était plus une histoire de cul que de l'amour. Faut dire qu'à l'époque, ça baisait dans tous les coins dans la troupe. Parfois, on se retrouvait après le spectacle et on ne savait plus dans qui on était. Avec tout ce que l'on se foutait dans le pif, on savait plus si on était le jour ou la nuit. Une fois, Pandi Panda était tellement stone qu'il a fait le spectacle à poil, le con. Un véritable aspi à coke. On l'appelait Dyson, pas de perte d'aspiration, la table était nickel après son passage. Et ça se finissait souvent en orgie. On baisait jusqu'au matin. Il y avait toujours Bécassine qui en redemandait, insatiable celle là. Je crois qu'elle bosse au bois de Boulogne maintenant, dans une camionnette. Elle fait toujours le plein avec ses spécialités bretonnes, genre la galette saucisse ou le kouign-Anal.

R : Hum, les charges retenues contre vous sont abandonnées car le délai de trente ans est dépassé. Vous vous sentez soulagé?

B : Soulagé, en quelque sorte, oui. Vous savez, il n'y avait pas de préméditation. Le chasseur est rentré chez lui par hasard dans l'après-midi, j'étais en train de faire les niveaux de sa femme. Il est devenu fou. Je lui ai proposé de venir se joindre à nous. Il a braqué son fusil. Je lui ai sauté dessus pour le désarmer, on s'est battu, le coup est parti. C'était un accident.

R : Pourquoi ne pas être resté au procès?

B : C'est la femme du chasseur qui m'a chargé rapport à la prime d'assurance vie. Une histoire de pognon et de cul, comme d'habitude. "Le soulier magique" (spectacle de J.J Debout NDLR), c'était un peu notre Game Of Throne à nous.

Blanchou a les larmes aux yeux. Il me demande de le laisser seul. Le souvenir d'un passé définitivement perdu coule le long de ses joues et se perd dans son poil grisonnant. Je le laisse à sa vie. Ciao l'artiste.

ITW exclusive : le lapin tueur de Chantal Goya

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